jeudi 21 novembre 2013

Persécutions faites aux Roms, octobre 2013

[ Article en cours de rédaction ]

  • Mardi 1er octobre

  • Mercredi 2 octobre
  • Jeudi 3 octobre
  • Vendredi 4 octobre
Lyon (59), France : Denis Broliquier, maire UDI du 2e arrondissement de Lyon veut saisir directement le ministre de l'Intérieur. Il est à l'origine d'une pétition pour évacuer le campement de Roms Albanais réfugiés sous l'autopont de Perrache. Une fois les signatures obtenues, il enverra sa pétition à Manuel Valls pour lui demander l'évacuation du camp où vivent près de 300 personnes.
« Nous sommes arrivés à un seuil critique. Cette situation indigne et intolérable ne peut plus durer. Des familles et une centaine d'enfants campent dans des conditions inhumaines entre 18 voies de circulations ! Il faut agir avant qu'il n'y ait un accident grave« Roms », précise Denis Broliquier.
La suspension « des domiciliations sur notre agglomération jusqu'à ce que de nouvelles règles d'accueil soient établies » et la révision « au plus vite votre politique d'accueil notamment par le biais de la réduction des délais de traitement des demandes et de la lutte contre les réseaux mafieux » sont également réclamées dans la pétition disponible à l'accueil de la mairie du 2e.

Strasbourg, France : Me André Kornmann, candidat du Front national à Strasbourg aux prochaines municipales, a présenté à la pressei ses axes de campagne et les mesures qu'il prendrait s'il devait être élu maire de Strasbourg au printemps prochain : « Les Roumains mendiants ou en infraction seront appréhendés par la police municipale et déposés au milieu de l'allée de la Robertsau, devant la résidence du consul de Roumanie. Il se fera un plaisir de les accueillir dans cette demeure de 1000 m2. Les policiers sonneront à sa porte aussi longtemps qu'il faudra. »
  • Samedi 5 octobre
  • Dimanche 6 octobre
Eforie Sud, Roumanie : Plusieurs des familles expulsées le 27 septembre ont reçu pour consigne de s'installer temporairement dans un bâtiment d'école délabré près de leurs anciennes maisons détruites. Amnesty International a visité ce bâtiment et a constaté qu'il ne répond pas aux normes caractérisant un logement décent. Plus de 20 personnes partagent un WC unique et un seul robinet d'eau potable. Il n'y a ni chauffage, ni installation permettant de faire la cuisine ou de se laver. L'électricité ne fonctionne que de 19 heures à 6 heures du matin. Les plafonds fuient et tombent en morceaux et les résidents ont indiqué à Amnesty International que la nuit ils restent éveillés pour empêcher les rats de mordre les enfants.
  • Lundi 7 octobre
Boissy-Saint-Leger (94), France : Le Préfet du Val-de-Marne a exprimé sa volonté de procéder rapidement à l’expulsion de tous les campements « Roms » qui bordent la nationale 19 entre Boissy-Saint-Leger et Bonneuil-sur-Marne.
  • Mardi 8 octobre
  • Mercredi 9 octobre : 
Strasbourg, France : La chambre des référés civils du tribunal de Strasbourg a fait droit à la demande de la Ville et de la CUS cet après-midi et a délivré un titre exécutoire pour concourir à la force publique afin d’expulser environ 110 Roms de quatre campements, à la Robertsau, à Koenigshoffen et près de la Gare, qu’ils occupent illégalement.
Plusieurs associations avaient tenté d’attaquer cette procédure, dont Latcho Roms, présidée par Dominique Steinberger : « On est déçus par la décision du tribunal évidemment. On verra s’il y a lieu de faire appel, mais nous en sommes déjà à 5000€ de frais de justice, ce qui est très importants pour nos associations sans le sou. On va également étudier au sein du collectif s’il y a lieu de lancer d’autres actions de sensibilisation, parce qu’on ne se résout pas à ce que ces familles soient ainsi délogées sans solution de repli. Depuis plusieurs jours déjà, les campements reçoivent la visite de personnes non identifiées qui disent aux Roms présents de partir. Ils peuvent encore compter sur le délai de notification et d’appel, soit une quinzaine de jours, mais ensuite, elles deviennent expulsables du jour au lendemain. »
Pour la Ville, il s’agit de mettre fin à des occupations illégales, des campements insalubres et des situations parfois dangereuses. Les associations avaient plaidé l’illégalité des procédures collectives et discriminantes vis à vis d’une catégorie de population
Parlement européen, Strasbourg, France : Lors du débat en séance plénière sur la situation des Roms, au Parlement européen, après les déclarations du Conseil et de la Commission. Dans leurs déclarations, plusieurs parlementaires ont évoqué l’existence d’un lien direct entre la présence de Roms et l’augmentation de la délinquance sur un territoire,  des propos stigmatisants et discriminatoires. Dans un communiqué du 13 octobre, l’Association pour la défense des droits de l’Homme (AEDH) a condamné ces propos.
  • Jeudi 10 octobre
  • Vendredi 11 octobre
  • Samedi 12 octobre
  • Dimanche 13 octobre
  • Lundi 14 octobre
  • Mardi 15 octobre
  • Mercredi 16 octobre
  • Jeudi 17 octobre : 
Strasbourg, France : La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour avoir prononcé l’expulsion d’un campement de gens du voyage sans leur proposer de solutions suffisantes de relogement. Elle a conclu que la France avait violé l’article 8 de la Convention et a rappelé que la perte d’un logement est une des atteintes les plus graves au droit au respect de la vie privée et familiale et du domicile, droit fondamental pour garantir à l’individu la jouissance effective des autres droits fondamentaux qui lui sont reconnus.
  • Vendredi 18 octobre
  • Samedi 19 octobre
  • Dimanche 20 octobre
Poitiers (86), France : Les familles roms occupant une maison abandonnée du Plateau des Glières, menacées d'expulsion, ont tenté d'investir un bâtiment vide de la DDE, accompagnés par des militants du DAL 86
Les policiers n'ont repéré qu'un matelas et des couvertures. Toutes les autres pièces étaient totalement vides. Pour les responsables de la police, la présence de ce matelas ne suffit pas à qualifier ce lieu de domicile, même si les associations présentes aux côtés des Roms (le DAL et le collectif Romeurope) ont fait valoir que les noms des occupants figuraient sur un mur et qu'une pizza avait été livrée à cette adresse.
Pendant que les policiers interrogeaient des représentants des associations de soutien et des membres de la femille Rom, les occupants ont quitté les lieux et rejoint leur ancien squat.
  • Lundi 21 octobre
  • Mardi 22 octobre
  • Mercredi 23 octobre
Farsala, Grèce : Les Roms de Farsala ont peur d'affronter la colère et le rejet après l'affaire de la petite Maria, l'enfant blonde médiatisée de toutes parts. « Ils disent que nous volons, que nous enlevons les enfants. Pour nous, c'est une insulte insupportable », se plaint  Babis Dimitriou, l'un des porte-parole des Roms de Farsala, face aux caméras. 
Entre 80 et 90 % des Roms sont sans emploi, en Grèce comme à travers toute l'Europe. Et ceux qui n'ont jamais fréquenté une école, l'immense majorité, ont peu de chances de sortir du cercle vicieux de la pauvreté et de la misère.
Poitiers (86), France : Expulsion d'une communauté rom comprenant 25 personnes (dont 14 enfants) à partir de 8h d'une maison qu'ils occupaient illégalement sur le plateau des Glières, suite d'une décision juridique prise le 13 octobre. La procédure devrait se poursuivre par l'expulsion du territoire d'une partie des membres de la communauté, comme l'a indiqué la Préfecture dans un communiqué de presse.
La Préfète, Elisabeth Borne, met en garde « tous ceux qui instrumentalisent ces populations »
Vendana, l'une des journalistes expulsées, raconte la suite à Loïc Lejay, journaliste à La Nouvelle République : « La police est venue le matin tôt. Ce fut une grande surprise. Il a fallu réveiller les enfants et les habiller à la hâte. Nous avons rassemblé nos affaires et nous sommes montés dans des camions qui nous ont amenés jusque-là. » Là, c'est le gymnase des Ecossais, où des membres de la préfecture et de la Croix Rouge ont pris en charge ces familles. « J'ai été prévenu la veille au soir, confie le député-maire Alain Claeys. J'ai accepté immédiatement de mettre à disposition cet équipement municipal adapté. Sans réticence. Les deux principes essentiels à mon sens, légalité et humanité ont été respectés dans cette affaire. »
Mélanie Forestier, du collectif Romeurope 86, arrive les larmes aux yeux. « Ce n'est pas des méthodes. » Le directeur départemental de la sécurité publique Jean-François Papineau et son adjoint Laurent Siam, sont là. « Pas de commentaires, il faut voir avec la préfecture. » 
Deux récépissés d'autorisation de séjour (deux autres sont annoncés) et six OQTF (Obligation de quitter le territoire français sous 30 jours), concernant une quinzaine de Roms, ont été délivrés hier : les 25 membres de cette grande famille vont être séparés au grand désarroi des intéressés. « Je ne comprends pas, souffle cette jeune femme désemparée. Mon fils est né à Poitiers, ma fille est scolarisée à l'école Paul-Fort. On est vacciné. On a fait tout ce qu'on nous a demandé. » 
Les associations de défense comme le DAL 86 s'interrogent. « Pourquoi encore les séparer ? Pourquoi les renvoyer en Roumanie alors qu'ils n'y ont plus de famille ? Qu'ils n'y ont plus de maison ! Plus rien ! »
Lyon (59), France : Sous une pile  du pont Kitchener, à l'entrée du tunnel de Fourrière, là où le bruit et la pollution atteignent un niveau insoutenable, 296 demandeurs d’asile albanais, kosovars et serbes vivent agglutinés dans une centaine de tentes igloo. «C’est intenable : les rats, la circulation automobile, les gaz d’échappement, l’insalubrité sur ce sol incliné jusqu’à 30 degrés font qu’il est tout à fait impossible de laisser la situation en l’état», alerte depuis juillet Aurélie Neveu, coordinatrice à Médecins du monde
Fait exceptionnel : saisi par le Grand Lyon d’une demande d’expulsion de ces demandeurs d’asile, le vice-président du tribunal de grande instance de Lyon, Gérard Gaucher, s’est rendu sur place le 11 octobre pour constater «la dangerosité, l’insalubrité et l’indignité» du campement. Et, mercredi, le juge a ordonné l’expulsion sans délai du campement.«Mais il rappelle l’obligation faite au préfet d’offrir un abri aux demandeurs d’asile», précise Eloïse Cadoux, avocate de plusieurs occupants du campement.

  • Jeudi 24 octobre
  • Vendredi 25 octobre
Athènes, Grèce : Le 25 octobre, la police d’Athènes a par exemple annoncé l’arrestation d’un couple de Grecs soupçonné d’avoir acheté une enfant rom, pour 4.000 euros et d’avoir tenté de la déclarer comme leur enfant biologique.
Grenoble (38), 25 octobre : Des familles Roms ont été évacuées d'une maison abandonnée qu'elles occupaient depuis plusieurs mois, suite à un départ d'incendie et à l'intervention des pompiers. Les occupants avaient allumé du feu dans des bidons pour se chauffer. 86 personnes vivaient là dans des conditions misérables, à l'intérieur d'une maison vouée à la destruction, considérée comme vétuste et dangereuse. Une procédure d'expulsion avait été engagée par la mairie qui souhaitait fermer l'accès au site.
  • Samedi 26 octobre
  • Dimanche 27 octobre
Oradea, Roumanie : C'est un village proche de la frontière hongroise, à six cents kilomètres de Bucarest. « C’est une communauté incommode qui dérange plus par son manque de propreté et d’éducation que par ses différences. On n’est pas content de les voir partir à l’étranger car ils donnent une mauvaise image de nous Roumains », confie Gabriela Miron, professeur de français à qui sa grand-mère disait petite : « Si tu n’es pas sage, les tsiganes vont t’emporter »
À Batar, une bourgade de 5300 habitants au milieu des champs, l’image des Roms s'assombrit encore un peu. Dans les « colonies », comme les appellent les Roumains, la misère attend au bord du chemin. Sorin, un grand gaillard père de cinq enfants, montre l’intérieur de sa maison qu’il partage avec ses deux frères. Des tapis masquent les murs décrépis et le sol en terre battue. Dans l’unique pièce plongée dans la pénombre, il vit ici avec sa femme et ses cinq enfants, dont deux ont le pied déformé. Pas d’eau, pas de mobilier, sinon un lit et un réchaud et 40 euros par mois d’allocation.

Sorin a fait le voyage jusqu’en France puis est revenu. Mais il sait qu’il sera obligé de repartir : « Je ne suis pas allé à l’école et je ne peux trouver un emploi ici. À Paris, je travaillerai. Sinon, je mendierai ». Pourtant il existe des usines dans la ville voisine mais les patrons n’embauchent que du personnel qualifié et instruit, indique désabusé, le pasteur baptiste de la communauté Marcel Lacatos. Sur 1000 Roms, seuls trois ont un emploi. Pourtant, avant la révolution de 1989, tous les hommes étaient embauchés dans les coopératives agricoles d’État du secteur. La moitié des familles ont déjà effectué des déplacements « pendulaires » en France, en Grande-Bretagne et en Irlande. Lui se désole dans sa classe de maternelle désespérément vide depuis que les financements ont cessé. « Si on pouvait initier les enfants à l’informatique, au français ou à l’anglais, ces compétences leur ouvriraient des portes. » Marcel Lacatos essaie de maintenir une cantine à midi « pour que les petits n’aient pas le ventre vide » et des activités péri-scolaires qu’il assume seul. Si seul qu’il ne lui reste plus qu’à invoquer « Dieu » pour envisager un avenir moins sombre pour les siens.

  • Lundi 28 octobre
Plzeň, République Tchèque : Environ 60 personnes, Roms pour la plupart, ont protesté contre les manifestations des néo-nazis à Plzeň. Plusieurs dizaines de racistes au crane rasé protestaient contre les minorités et la société multiculturelle en défilant dans le quartier Bory. La manifestation, dénommée officiellement «protestation contre la violation des droits des honnêtes citoyens de la République tchèque », devait être suivie par environ 300 personnes, mais seulement 50 avaient répondu présent.
Le face à face des deux rassemblements a eu lieu sans violences, grâce à une présence policière importante.

Photo Romove Radio Cz
Ostrava, République Tchèque : Malgré l'interdiction de la municipalité300 néo-nazis ont défilé dans le centre-ville d'Ostrava, puis en direction du quartier de Prednadrazi, un quartier périphérique où une trentaine de tsiganes tentent de survivre sans eau ni électricité dans un ancien bloc de logements ouvriers, coincé entre voie ferrée et autoroute. Les manifestants hurlaient des slogans racistes, en appelant à la haine raciale, en particulier contre les Roms. Le crane rasé et armé d'un porte-voix, le crane rasé, l'un des porte-paroles de la manifestation s'est adressé à la foule avec le discours suivant : « La République tchèque appartient aux Tchèques. Les minorités qui ne se comportent pas correctement n'ont rien à faire ici. Tous ces parasites qui n'arrivent pas à s'adapter sont des privilégiés et vivent aux crochets de notre communauté. » 
La marche des néo-nazis a été dissoute peu après 15 heures. Des groupes de plusieurs dizaines de manifestants ont néanmoins erré dans les rues, en direction des habitations roms. Ils étaient environ 70 aux alentours de la place Svatopluk Cech, prêts à l'affrontement quand un groupe de Roms s'est rassemblé à son tour pour marcher vers la place Svatopluk Cech, derrière une banderole où on pouvait lire « Stop aux pogroms, la haine n’est pas une solution ». Vers 16 h 45, 500 personnes, Roms et Tchèques se rassemblaient sur la place, obligeant les néo-nazis à battre en retraite.
Rappelons qu'Ostrava est la troisième ville de République Tchèque, située en Moravie-Silésie, à quelques kilomètres de la frontière polonaise. Depuis 2012, dans la même ville, plusieurs manifestations anti-Roms s'étaient terminées en affrontements avec la police.
Villeneuve d'Ascq (59), France : Le campement de Roms situé sur le parking de l'université Lille 1 a été expulsé par la police, autour de 7 heures selon Ambroise Lesage, militant associatif et membre des Jeunes écologistes de Lille. Le campement comprenait plus de 30 caravanes et abritait 200 personnes.
L'opération fait suite à une décision du Tribunal de grande instance de Lille, saisi par l'université Lille 1. "Elle vise à rétablir la vocation universitaire de ce terrain, situé à proximité d'une bibliothèque et d'un terrain de sport", a précisé la préfecture. Les forces de l'ordre étaient venues nombreuses, selon Ambroise Lesage, qui a indiqué que la majorité des caravanes ont été emmenées en fourrière, le campement ne comptant qu'une dizaine de véhicules susceptibles de les tracter. Selon lui, une partie des enfants du campement était scolarisée. Parmi les personnes jetées à la rue, cinq femmes enceintes, cinq malades graves (cancer, arthrite, insuffisance rénale), un nourrisson de quelques jours. Une femme enceinte a été emmenée aux urgences. Elle a accouché prématurément à 7 mois de grossesse.
Se trouvaient sur les lieux le Père Arthur et une vingtaine de militants (syndicats SUD-Etudiants, membres du parti EELV, Europe Ecologie les Verts et d'autres associations. Une caravane achetée par les étudiants  et servant "d'accueil péri-scolaire" pour les enfants (hors Education Nationale), a été elle aussi mise en fourrière.

Dépossédées de leurs caravanes, les familles se sont d'abord protégées de la pluie sous le métro aérien. Parmi elles, des nourrissons et de jeunes enfants, des femmes enceintes et des personnes malades ou âgées. Tous «étaient vraiment dehors sans aucune autre solution», errant sous la pluie jusqu'à la nuit alors que la tempête faisait rage, à la recherche d'un abri où faire dormir les enfants. «Les Roms ont été privés de tous leurs caravanes, effets personnels, vêtements, moyens de cuisson et du peu de nourriture qu’ils possédaient», a indiqué l’union syndicale Solidaires-Nord-Pas de Calais dans un communiqué. « J'ai ouvert la porte. Dans ces moments-là, vous ne réfléchissez pas longtemps », a déclaré Vladimir Nieddu, de Solidaires«Le syndicat Sud-Solidaire étudiant a proposé en dernier recours à la nuit tombée que les familles puissent être accueillies à la Bourse du travail pour la nuit» où les syndicats disposent de locaux, a déclaré à l’AFP Majdouline Sbaï, vice-présidente (EELV) du conseil régional Nord/Pas-de-Calais, présente sur place.«Il y a à peu près 90 personnes qui sont là. Il a fallu acheter des sacs de couchage, des tentes, trouver à boire et à manger», a poursuivi Majdouline Sbaï. Dénonçant «une situation inhumaine», Solidaires a dénombré «une centaine de personnes, dont 45 enfants» à la Bourse du travail.
  • Mardi 29 octobre
Lille (59), France : Au matin, le père Arthur, prêtre lillois qui vient en aide aux Roms, est passé par la Bourse du travail dans la matinée pour apporter un petit déjeuner. Des étudiants s'affairaient à distribuer des boissons chaudes mais aussi à compter les stocks d'eau, de couches ou de papier toilettes et, dans les couloirs, des femmes roms passaient le balai. « C'est incroyable ce qu'ils ont fait pour nous. Ils sont magnifiques », sourit Secret Lazar, l'un des jeunes roms hébergés cette nuit là, âgé de 23 ans.

L'après-midi, une quarantaine de Roms ont pénétré en début d'après-midi dans l’ancienne Bourse du travail de Lille pour y trouver refuge. Ils en sont sortis quelques heures plus tard dans le calme, à la demande de la police, qui avait barré la rue d'accès et stationné une dizaine de véhicules autour du bâtiment. De l'intérieur, les Roms s’étaient placés aux fenêtres pour crier «Solidarité» ou «Police partout, justice nulle part» avec les familles restées à l’extérieur. «Ma femme enceinte est avec ma fille d’un an et demi à l’intérieur. C’est notre seule solution, on n’a pas d’endroit où dormir. La préfecture a pris ma caravane», a affirmé Secret Lazar, âgé de 23 ans, qui se trouvait à l’extérieur. Ils ont retrouvé à l’extérieur du bâtiment les quelque dizaines d’autres membres du même groupe qui avaient été empêchés par les policiers d’entrer dans le bâtiment, propriété de la mairie et situé dans le quartier de Wazemmes, dans le sud de Lille. 

A 16h30, une délégation intersyndicale a été reçue à la préfecture de Lille. «Les Roms n’ont pas envie de partir car ils n’ont aucune solution», a déclaré Stéphanie Pryen, militante du collectif Solidarité-Roms, présente à l’intérieur du bâtiment. « On a pris le risque d'investir 1000 m2 en attendant que le préfet prenne ses responsabilités », a affirmé Olivier Treneul, du syndicat Solidaires« Il y a une famille qui est relogée, une femme qu'on veut bien soigner et pour tous les autres, c'est retour gratuit au pays », a dit Vincent Delbar, secrétaire général de la CGT du Nord, à l'issue de la réunion à la préfecture de Lille. « Le souci, c'est de pouvoir récupérer les caravanes à la fourrière pour pouvoir les reloger. Ce qui a frappé les bénévoles c'est que la police s'empare des caravanes et laisse les gens sur place », a commenté Jean-François Garsmeur, du collectif Solidarité Roms Lille Métropole.
Villeurbanne (59), France : Un campement où vivaient une centaine de Roms a été évacué mardi matin derrière une salle de concert à Villeurbanne, près de Lyon, a-t-on appris auprès d’un représentant du Mrap et de la préfecture. Une trentaine de Roms ont été expulsés mardi matin alors qu’ils étaient encore une centaine la veille, a-t-on précisé.
Le terrain où vivaient ces Roms appartient au Grand Lyon, selon la préfecture. Une décision de justice avait ordonné l’expulsion le 12 novembre 2012, mais n’avait été signifiée que le 26 février 2013 aux occupants, et exécutée ce mardi matin.
Selon Jean-Philippe, militant au Mrap, ces Roms vivaient dans ce campement depuis plus d’un an et provenaient de la ville de Tinca, village roumain où l’agglomération lyonnaise a financé des infrastructures pour les Roms. «Je dénonce au nom Mrap cette hypocrisie, ils vont mettre la lumière à Tinca et là ils leur coupent la lumière», a-t-il dénoncé.
  • Mercredi 30 octobre
Lille (59), France : La centaine de réfugiés Roms a manifesté devant l’hôtel de ville de Lille. Une délégation des organisations syndicales a été reçue par Pierre de Saintignon. Une longue discussion qui n’a pas abouti. Retour à la case départ pour les Roms, qui vont encore passer la nuit à la Bourse du travail de Lille.

Témoignage d'Isabelle Dunglas, professeur des écoles à Bruay-la-Buissière, syndiquée à Sud Education 59/62 et à ce titre membre de la Fédération « Solidaires Nord/Pas-de-Calais »« De retour à la Bourse du travail vers 18h, une réunion  était organisée  par 2 syndiqués de Sud-Education. Les nombreux problèmes d'organisation et de gestion du temps y ont été partagés, avec un souci contant  et remarquable, de laisser les Roms exprimer leurs besoins. Seules 3 Roms adultes parlent Français et à ce titre ils sont constamment sollicités comme "traducteurs". Quelques enfants le maîtrisent assez bien aussi. Chaque phrase était traduite et les Roms pouvaient intervenir dès qu'ils le souhaitaient. Les Roms se sont ensuite concertés, entr'eux pour exprimer leurs besoins et leurs souhaits et en ont rendu-compte aux mandatés syndicaux. »

  • Jeudi 31 octobre
Saint-Maur-des-Fossés (94), France : En bordure du stade municipal, parfaitement entretenu, deux préfabriqués en plastique gris, posés sur du gravier et entourés d’un grillage. Chaque hiver, quand les températures baissent trop, sont logés là des sans-abri, remis à la porte le printemps venu.
Depuis un an, vit dans les lieux une famille rom, originaire de Roumanie, que le maire Henri Plagnol (UMP) veut absolument déloger, déployant tous les argumentaires. «Je veux simplement faire appliquer le droit. La famille Constantina occupe depuis novembre 2012 ces préfabriqués. C’est une occupation illicite, un squat. Je les ai prévenus plusieurs fois : ils doivent partir.» Au départ, la famille avait pourtant été installée dans ces lieux par la municipalité, en remplacement d’un pavillon insalubre qu’elle squattait, en face de la mairie.
Le tribunal administratif de Melun a retenu ces arguments, donnant raison au maire. Dans son ordonnance du 25 octobre, le juge considère notamment que «l’évacuation des occupants sans titre présente un caractère d’urgence et d’utilité eu égard à la circonstance que les éléments modulaires du domaine sont destinés à accueillir les populations de sans-abri pendant les périodes de grands froids».

Lille (59), France : Situation inchangée pour la centaine de Roms sans abri depuis leur expulsion du parking de Lille I à l'aube du 28 octobre. Ils ont à nouveau manifesté devant la préfecture puis devant le siège du PS et la mairie. Une délégation d’organisations syndicales hébergeant les Roms à la bourse du travail de Fives  a été reçue. Aucune solution n’a été proposée, si ce n’est un renvoi vers une réunion en préfecture le 5 novembre.

Devant la mairie, un jeune rom a pris la parole, armé d'un mégaphone devant une centaine de manifestants attentifs : « On n’a pas de couvertures pour les enfants. Les solutions n’arrivent pas rapidement. Nous sommes ici pour demander des solutions à Martine Aubry.  La police est raciste comme en Roumanie. On n’a rien du tout en Roumanie. On est ici pour discuter. Je sais qu’il y a des Français qui n’aiment pas les Roumains. Vous, vous avez des enfants et des maisons, alors qu’il y a des maisons vides. On est fâchés. Comment faire ici ? On n’a plus rien, on a des enfants ! La Roumanie, c’est pareil, on n’a pas de travail. Nous on dort dehors. Les policiers ont pris nos caravanes, mis nos affaires par terre, nous ont empêchés de faire nos bagages et nous ont dit : "Dégage". On n'est pas des chiens, on est des hommes comme vous ! Nos caravanes, c'est nos maisons. Comment faire maintenant ? En Roumanie, j'ai rien, pas de maison pas de travail. Si on va en Roumanie, si on va en France, c'est pareil. Comment peut-on dire "Dégage" aux enfants ? Nous ce n'est pas grave, on est grands mais il y a des enfants, il y a des femmes enceintes ! Faites quelque chose pour nous ! Nous on quitte pas la France ! On reste ici ! En Roumanie, ils ont brûlé nos villages, ils nous ont tout pris ! »

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