jeudi 29 août 2013

Grèce : Enquête sur la disparition de 502 enfants roms dans les années 2000

Une enquête sur la disparition de 502 enfants roms d'origine albanaise hébergés il y a une dizaine d'années par une fondation de l'État grec dans la banlieue d'Athènes, est en cours, a indiqué mercredi le ministre grec de la Justice Charalambos Athanassiou.


Photo Agence Belga
C'est une députée du parti de la Gauche démocratique Dimar qui a relancé l'affaire au Parlement, en se basant sur un récent rapport de l'Onu. Une vague de migrants albanais était arrivée en Grèce au moment de la préparation des Jeux Olympiques d'Athènes, en 2004. Dans ce cadre, des ONG des droits de l'Homme avaient dénoncé de nombreuses opérations « de nettoyage » des rues de la capitale.
"Nous attendons la réponse des autorités judiciaires grecques", a dit le ministre à la suite des articles sur ce sujet parus dans quelques médias nationaux.


Il y a un mois, le ministre avait été interpellé sur ce sujet au parlement par Maria Yannakaki, députée du petit parti de la Gauche démocratique Dimar, qui lui avait demandé des informations sur cette affaire en se basant sur un rapport de l'ONU publié récemment. Le rapport faisait état "de la disparition de 502 enfants des rues en Grèce au début des années 2000, hébergés par la fondation publique Agia Varvara, dans la banlieue ouest d'Athènes", selon la députée. 
M. Athanassiou avait alors répondu qu'il avait demandé des informations sur le sujet aux autorités judiciaires et aux responsables des ministères grecs des Affaires étrangères, de l'Emploi et de la Sécurité sociale ainsi qu'aux autorités albanaises. 
"Il s'agit d'une affaire en suspens depuis dix ans", a déclaré mercredi Mme Yannakaki. 
L'hébergement des enfants dans cette fondation "qui n'était pas spécialisée dans ce domaine avait été décidé par le gouvernement dans le cadre d'un programme d'assistance des enfants de la rue", explique-t-elle. 
A l'époque une vague de migrants albanais était arrivée en Grèce alors que le pays se préparait pour les jeux Olympiques d'Athènes de l'été 2004. Dans le cadre de ces préparatifs, des ONG des droits de l'Homme avaient dénoncé de nombreuses opérations "de nettoyage" des rues de la capitale. 


Pour plus d' informations :

A Mâcon, expulsion d' une famille Rom du Kosovo

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Jouets abandonnés par les enfants,
lors de l'expulsion.
Autour de la famille, les associations s'indignent et dénoncent

Une famille du Kosovo qui séjournait au camping de Mâcon après avoir vécu deux mois dans le square de la Paix (macon-infos avait révélé cette situation tragique il y a quelques jours) a été embarquée par la police ce matin vers 8h direction l'aéroport de Lyon, pour la Belgique, pays par lequel elle était arrivée et qui avait refusé leurs demandes d'asile. "Cette famille est menacée de mort dans son pays, ce qui se passe pour elle est dramatique." Elle était sommée de quitter le territoire français au 24 août. 

Les associations RESF, LDH et AIAPEC ont tenu à réagir à cette reconduite.

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Comité de soutien aux familles expulsées


Communiqué
Le Réseau Education Sans frontières de Mâcon-Cluny est fier d’avoir soutenu et accompagné depuis début août la famille MUSTAFA, Riza, Ibadete, et leurs filles : Sabera, 12 ans, Milena, 10 ans, Nikoleta, 8 ans, Medina, 5 ans, et Skurta, 4 ans, qui survivaient depuis 2 mois au Square de la Paix, dans l’insécurité et l’insalubrité.
Cette famille Rrom était arrivée du Kosovo en Belgique, où ses demandes d’asile furent refusées. Elle a fui en France, mais la France a appliqué les accords de Dublin II et leur a notifié une demande de réadmission en Belgique.
Les parents ont adressé un recours gracieux au Préfet de Saône et Loire. Ce recours a été reçu le 26 août, il y a deux jours. Il était argumenté et motivé, par ce qui les fait fuir le Kosovo (le Kosovo n’est pas un « pays sûr » ici), et par la question des enfants et leur droit à l’instruction. Mais la Préfecture a envoyé ce matin les forces de l’ordre au camping municipal, où la famille se trouvait depuis 10 jours. Deux fourgons de police pour une famille nombreuse qui ne pouvait ni fuir ni se cacher. 10 mn pour réveiller les enfants, rassembler les affaires. Expulsion.
La Préfecture n’a pas examiné ce recours.
La Préfecture n’a pas pris quelques jours pour répondre à ces gens.
Le message est clair : pas de discussion.
Ce message ne vise pas seulement les Rroms, il vise chacun d’entre nous.
En l’espèce, les associations qui ont rencontré les 5 enfants s’étaient engagées à les suivre, pour permettre leur scolarisation, car ces fillettes n’ont pas pu être scolarisées dans leur pays d’origine, et ne le seront pas davantage désormais. Or priver 5 enfants d’accès à l’éducation, c’est barrer leur avenir.
Tous ces éléments auraient pu être débattus et examinés.
Ils ne l’ont pas été, et c’est inique, injuste, au regard d’un principe élémentaire : un être humain, quelle que soit son origine, ne saurait être ramené à une condition animale, sans que cela mette en danger l’ensemble d’une population.
Or la « gestion gestionnaire » statistique entraîne cela, immanquablement : on gère du bétail.
Il est urgent de réformer le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, créé de toutes pièces en 2004). Ce code, voté sous un gouvernement de droite et appliqué à la lettre par le gouvernement de gauche, fabrique essentiellement drames et injustices (rappel : des lois existaient avant, et les politiques de régulation de l’immigration aussi), et entre en contradiction totale avec les valeurs humanistes que la République française dit défendre.
Que laissons-nous aux cinq fillettes qui ne retourneront pas à l’école ?
Que transmettons-nous à nos propres enfants ?
Le réseau Education Sans Frontières de Mâcon-Cluny est fier d’avoir rencontré des gens formidables, de les avoir regardés avec des yeux d’hommes. Les fonctionnaires de l’Etat le seraient aussi, fiers, s’ils n’étaient pas soumis à un traitement purement administratif des dossiers qui en matière de droits des étrangers, comme dans tous les secteurs où il s’applique génère souffrance, incompréhension et injustices.
Monsieur le Préfet, derrière les dossiers, il y a des familles, des parents, des enfants.

Pour plus d' information :
Macon Infos

mardi 27 août 2013

L' évacuation forcée du camp de Bobigny

Environ 150 personnes roms, dont une soixantaine d’enfants, ont été expulsées du campement de la rue des Coquetiers à Bobigny au cours de la matinée du 27 août 2013. Des solutions d’hébergement d’urgence n’ont été prévues que pour trois familles et le reste des habitants du campement est désormais sans abri.

La police a évacué mardi à l’aube l’un des principaux bidonvilles roms de Bobigny en Seine-Saint-Denis, département où se concentrent plus de 3 000 Roms sur les 15 000 à 20 000 vivant en France. Les forces de l’ordre, dont des gendarmes mobiles, ont fait sortir dans le calme les quelque 120 habitants du camp et devaient ensuite entreprendre le démantèlement des abris de fortune se trouvant sur une partie du terrain.

L’évacuation a eu lieu «à la demande du conseil général et de la RATP», propriétaires de parcelles de terrain occupées, en application d’une décision de justice en ce sens et après réalisation d’un diagnostic social, a-t-on indiqué à la préfecture. Une soixantaine de personnes «qui ne veulent pas partir» étaient toujours massées sur un trottoir en face du camp en milieu de matinée, a-t-on précisé de même source.

Une partie du bidonville s’étend sur des terrains appartenant à la mairie communiste de Bobigny, qui n’a pas réclamé l’évacuation et a condamné l’opération. «Les cabanes qui sont construites sur les emprises de la mairie ne seront pas démolies», a assuré la préfecture. Tout le secteur devrait toutefois être inaccessible pendant plusieurs jours afin de permettre aux engins de démolition d’intervenir sans risque, a-t-on expliqué.
Samedi le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a défendu la poursuite des expulsions de camps roms, une politique, a-t-il dit, «respectueuse de nos principes et ferme en même temps», face à l’extrême droite qui«cherche à opposer les misères»

Un an après la publication de la circulaire interministérielle du 26 août 2012 «relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites», Amnesty International a assisté à une nouvelle expulsion forcée ce matin à Bobigny dans le département de la Seine-Saint-Denis.
Le vendredi 23 août la préfecture avait indiqué que seuls les habitants de deux parcelles appartenant à la RATP et au Conseil Général seraient expulsés dans la semaine, c'est-à-dire 35 personnes environ. Ce matin à 7 heures, l’ensemble des habitants a été expulsé, y compris ceux qui vivaient sur une parcelle de terrain appartenant à la Mairie de Bobigny, pour laquelle aucune procédure d’expulsion n’a été engagée.
Les habitants semblaient avoir été prévenus que l’expulsion allait avoir lieu, mais ils ont rapporté ne pas avoir été consultés en amont de l’évacuation. Vers 9 heures, une soixantaine de personnes attendaient encore devant le campement, incertains et ne sachant pas où aller. « Je ne vois pas quelle explication j’ai à donner, mis à part le fait que l’on met en œuvre une décision de justice », a indiqué le préfet.
Le 7 juin 2013, un diagnostic social avait été réalisé et les 200 à 300 personnes qui habitaient le terrain avaient été interrogées en une seule journée. Les trois familles signalées comme vulnérables et pour lesquelles un hébergement d’urgence a été prévu n’ont pas été prévenues de l’existence de ces solutions. « C’est à elles de se manifester », a expliqué le Directeur de cabinet du préfet, qui ne connaissait pas les noms des trois familles en question car d’après lui le diagnostic n’est pas nominatif. Le préfet de la Seine-Saint-Denis, présent sur les lieux, a ajouté « le reste est prié de trouver une autre solution ».

Le préfet a indiqué à la chercheuse d’Amnesty International présente sur les lieux que cette opération s’inscrivait pleinement dans le respect de la circulaire du 26 août 2012, mais a reconnu que cette circulaire n’était pas contraignante et pouvait être lue de plusieurs manières.
La mairie a refusé de mettre à disposition un terrain, invoquant la responsabilité de la préfecture. Le Conseil Général a confirmé que pendant la durée des travaux sur sa parcelle, qui pouvaient durer de trois jours à trois mois, l’accès au terrain serait fermé. A midi, les familles ne savaient pas où aller, et elles attendaient au milieu de l’avenue Salvador Allende à Bobigny.

L’expulsion forcée du campement rue des Coquetiers à Bobigny démontre que la circulaire interministérielle publiée il y a un an est insuffisante pour protéger les Roms migrants contre les expulsions forcées. Amnesty International renouvelle son appel au gouvernement français à prendre des mesures explicites et contraignantes contre cette pratique qui enfreint ses engagements internationaux en matière de droits humains.
«Une centaine de personnes, dont une trentaine d’enfants scolarisés, ont été évacuées, et il va être très difficile pour eux de faire la rentrée», a déploré Véronique Decker, la directrice de l’école Marie-Curie de Bobigny, sur place.. David, 12 ans, a vécu ce matin sa cinquième expulsion. « Je me suis réveillé à 6 heures, la police est venue, ça nous a fait peur. Moi, je savais qu’on allait devoir partir, ma mère nous l’avait dit. Je ne sais pas où on va aller avec ma famille. On ne sait pas si on va pouvoir aller à l’école, nous on veut y aller. Aujourd’hui je devais aller au stage de remise à niveau, avant ma rentrée en 6ème au collège.»
«Je ne sais pas où aller à cause de la police», a confié David, qui a «bougé plein de fois» à travers la Seine-Saint-Denis«J’ai envie d’aller en sixième pour apprendre et faire un métier», a ajouté le garçon, qui rêve de devenir «pâtissier ou cuisinier».
«Je ne sais pas ce que l’on va faire ce soir, on va appeler le 115», le numéro du Samu social, a déclaré de son côté un père de famille, Bogdan, qui a la charge d’un enfant de 16 ans handicapé.
Nadka, une Rom Bulgare de 46 ans, vivait sur le campement informel des Coquetiers depuis 2 ans. Elle pleurait et a expliqué avoir peur car sa maison étant située sur la parcelle de la mairie, elle ne savait pas si elle allait pouvoir rentrer chez elle ce soir et récupérer ses affaires.

Pour en savoir plus

Libération du 27 août 2013
Le Parisien du 27 août 2013
Rapport d'Amnesty International sur les expulsions forcées de Roms en Ile de France, décembre 2012.
Actualités Amnesty International du 27 août, expulsion forcée à Bobigny.


lundi 26 août 2013

Republique tchèque: Marches racistes contre les Roms. Mobilisation des opposants

Le samedi 24 août 2013, des néo-nazis ont organisé plusieurs marches racistes contre les Roms, qui avaient lieu dans huit villes tchèques - Ostrava, Duchcova, Pilsen, Budejovice tchèque et Jičína. Une centaine d’extrémistes de droite ont été interpellés samedi au cours de ces manifestations qui ont réuni un total de 1.500 personnes, d'après les autorités. Par ailleurs, des contre-manifestations ont été organisées pour contrer la haine anti-Rom, qui ont rassemblé davantage de monde, des anti-fascistes aux organisations de défense des Droits de l'Homme.
  
A Ostrava par exemple, dans le nord-est du pays, entre 600 et 800 extrémistes ont tenté de pénétrer dans un quartier essentiellement habité par des Roms, provoquant des affrontements violents avec les forces de l’ordre. Les manifestants ont bombardé la police avec des pierres et au moins 60 personnes ont été arrêtées. Environ 300 policiers avaient été mobilisés dans cette ville. Ils ont eu recours à des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants, qui scandaient notamment "La Tchéquie aux Tchèques !" et "Rien que la nation !"


Environ 400 militants d'extrême-droite ont défilé dans la ville de Plzen
Les pires affrontements au cours des différents rassemblements ont eu lieu à Ostrava et à Ceske Budejovice. Radio Prague en a assuré la retransmission.
Dans ces deux villes, les manifestants ont quitté le tracé autorisé pour essayer d'atteindre les zones à forte population rom, provoquant des affrontements violents avec les forces de l'ordre.
L'incident le plus grave s'est produit à Ostrava, où les extrémistes ont utilisé des pierres, des bombes fumigènes, des détonateurs et des poubelles. La police a lancé à plusieurs reprises des gaz lacrymogènes. Trois policiers ont été blessés, ainsi qu'un certain nombre de manifestants.
Affrontements avec la police terminée le 24  Août Ostrava anti-Roms mars par des néo-nazis.  L'incident le plus grave s'est produit à l'intersection des gares et Mariánskohorská.  Les policiers nazis, qui ont essayé d'arrêter l'attaque sur les Roms.  Vola à travers les pierres de l'air, des bombes fumigènes, des détonateurs, des poubelles, des policiers à plusieurs reprises et utilisé des gaz lacrymogènes.  (Photo: ČTK)
Affrontements à Plzen entre manifestants d'extrême droite et les forces de l'ordre
















DES PROTESTATIONS SYMBOLIQUES CONTRE LES MARCHES ANTI-ROMS 


Tôt le matin du samedi, des initiatives ont eu lieu pour lutter contre les appels à la haine raciste des néo-nazis.
Ainsi, à České Budějovice, des slogans anti-racistes ont été peints à même le sol, tout le long du trajet de la manifestation d'extrême-droite. A Brno, les manifestants anti-Roms n’étaient pas plus d’une trentaine et ont été ridiculisés par les anti-racistes présents. 
Slogans anti-racistes
dans les rues de České Budějovice
Contre-manifestants, venus s'opposer au défilé d'extrême-droite
Les militants des Droits de l'Homme ont organisé des contre-manifestations dans plusieurs villes, dont la capitale, Prague.
"Nous avons vu une tendance profondément inquiétante au cours de l'année écoulé en voyant la discrimination enracinée contre les Roms atteindre de nouveaux sommets.
C'est une question fondamentale que les autorités tchèques ne peuvent pas ignorer", a déclaré John Dalhuisen, d'Amnesty International. L'ONG avait déjà exprimé sa préoccupation au début du mois au sujet de ces marches, exhortant les autorités tchèques à protéger la communauté rom.
"La situation est extrêmement tendue en République tchèque, où des groupes d'extrême droite gagnent rapidement en influence", ont estimé l'organisation de défense des Droits de l'Homme et le Centre Européen des Droits des Roms.

Le Parti Vert a lui aussi exprimé toute sa préoccupation sur la montée du sentiment anti-Roms dans le pays, qui culmine dans une série de tentatives de pogroms à travers la République tchèque. «C'est à nous d'organiser la coexistence des groupes majoritaires et minoritaires dans notre société. Il est nécessaire d'ouvrir un nouveau chapitre, car la situation actuelle est absolument intenable. Ignorer les problèmes des actions de rue, de la haine déclarée et des attaques xénophobes ne peut que faire empirer la situation. Malheureusement, les partis politiques établis refusent d'affronter ce problème et de prévenir l'aggravation des hostilités. Le Parti Vert veut élaborer et promouvoir les moyens de sortir de cette crise et est à la recherche d'alliés parmi les partis politiques et les initiatives des citoyens», a déclaré Ondrej Liska, le président du Parti Vert qui a fermement condamné ces marches anti-Roms.
A Plzeň, face à une centaine de néo-nazis, 300 anti-racistes ont manifesté et sont parvenus à bloquer la marche des néo-nazis.12 antifascistes ont été arrêtés par la police.
les mots de passe racisme sur 24  Août est apparu dans Budejovice tchèque sur la voie de l'planifié anti-Roms mars.  Les signes sont censés symboliser l'opposition à la manifestation de l'après-midi.  Sur les trottoirs à l'aube par des membres des initiatives de Budějovice contre la violence.  Le signe en anglais dit:
Les inscriptions à même le sol sont censées symboliser
 l'opposition à la manifestation de l'après-midi.
Elles ont été peintes sur les trottoirs, à l'aube,
par des militants anti-violents et anti-racistes.
En anglais, le texte veut dire Toutes les couleurs sont belles.
Qui sont réellement les participants à ces manifestations, et où se positionne la population locale ? D'après certains, les marches des militants d’extrême droite se déroulent avec le consentement des habitants. Intellectuel et théologien, Ivan Štampach met en garde devant une sclérose de l’histoire nationale qui serait propice pour le développement du racisme. Il remarque surtout qu’une idéologie raciste ne constitue pas une solution des problèmes du vivre ensemble au niveau local.

En revanche, pour la journaliste Saša Uhlová, la source principale des tensions est la précarité économique et sociale d’une grande partie des habitants. Pour elle, les régions actuellement en crise ne sont pas davantage peuplées de gens racistes, mais plutôt de gens frustrés par la dégradation des services sociaux et des moyens de transports, par les fermetures des hôpitaux et des écoles.
Tandis que les critiques s’accordent sur la défaillance durable de la gouvernance locale qui serait à la source des tensions, les responsables régionaux se concentrent, eux, sur les défis immédiats. D'un côté, la question se pose de leur capacité à interdire une telle manifestation. En effet, la loi sur le droit de rassemblement ne le permet que si «un rassemblement porte atteinte aux droits personnels, politiques ou autres des citoyens du fait de leur nationalité, genre, race, origine, conviction politique, croyance religieuse ou statut social ou bien s’il mène à appuyer la haine et intolérance pour ces raisons». D'un autre côté, la solution actuelle consiste en une présence policière accrue et en une plus grande répression

Rappelons qu'en République Tchèque, 83% des Roms assurent avoir subi des injustices, selon un sondage de l'Agence européenne pour les droits fondamentaux.

Préparation des pancartes à Plzeň
Pour conclure, nous reprenons les mots d'Alix-André Buecher, qui a suivi de près les événements pour essayer de mieux comprendre : "On peut maintenant essayer de tirer une leçon des manifestations anti-roms de Tchéquie. L'extrême-droite, sans doute fâchée de ces succès très partiels lors de précédentes manifestations où les forces de police l'avaient contenue, avait annoncé une série de manifestations ce week-end et avait choisi son sujet, celui qu'elle pensait le plus apte a rassembler la population : "l'anti-tsiganisme". Elle avait crié qu'elle allait organiser cinq grandes manifestations. Elle a tenté le coup et l'a raté dans quatre villes où les manifestations n'ont regroupé que peu de gens, et où manifestement la population n'a pas réagi.  Par contre, les anti-fascistes, eux, se sont mobilisés et même s'ils n étaient pas en grand nombre, ils étaient plus nombreux que les extrémistes roms et tchèques mêlés. Dans une seule ville, la manifestation a été un demi succès. Près de 600 extrémistes ont commencé a faire des dégâts, mais la police les a contenus et plus de soixante d'entre eux ont été arrêtés. Piteux résultat.

Qu'apprenons-nous de ces événements ? 
Un, la Tchéquie est et reste un état démocratique. Deux, les forces de police suivent les ordres du gouvernement et font régner l'ordre. Trois, les extrémistes qui se montraient si forts et si sûrs d eux sont au plus 1500, ce qui est peu pour un pays de plusieurs millions d'habitants. Quatre, la population n'est pas si fortement que cela anti-Roms, en tout cas elle n'est pas prête à manifester. Cinq, une action commune Roms et humanitaires est non seulement possible mais efficace.

L'extrême droite, pour dangereuse qu'elle puisse être, n'est pas la force irrésistible à laquelle elle veut nous faire croire, mais un petit groupe nocif et surtout minoritaire."

Quelques liens pour mieux comprendre :

Le site de Radio Prague (en français) :
RTS Info : Violences lors de manifestations anti-roms en République tchèque
Romea.cz, compte-rendu des événements (en tchèque)
Teraz.sk, compte-rendu dans la presse slovaque (en tchèque)

samedi 24 août 2013

Ecrire le Livre noir des persécutions est une urgence en Europe

Manifestation de soutien aux Roms, Budapest


















Dans le contexte politique actuel et face aux propagandes racistes menées contre les Roms, il nous semble important de définir un outil capable de recenser toutes les persécutions visant la communauté Rom. Cet outil est à l'état ébauche, pour l'instant un simple blog archivant et documentant ces discriminations, mais face à l'urgence de l'actualité, nous avons voulu le rendre consultable au plus vite.

Qui sommes nous ?
Pour l'instant, nous sommes deux à rédiger ce Livre noir : Catherine Raffait à Bruxelles, de Contacts Rom, et Tieri Briet à Marseille, de Si petite zone. Ce binome est entouré d'un réseau de correspondants et de traducteurs, établi au fil des mobilisations : Roberto Malini - EveryOne Group - en Italie, Alix-André Buecher en Suisse, Jean-Luc Nail du Comité de soutien aux Roms du Havre, Tia Aniaz - Quart d'X, Collectif Anti-RacismeS - à Bruxelles, Dominique Eberhardt-Louriou à Berlin, Marie Geneviève Alquier à Madrid et Honza Johny Čonka en République Tchèque.

Il s'agit de collecter des infos précises (lieux, dates, protagonistes), mais aussi des témoignages afin d'archiver des faits que nous tenons pour des crimes, dans l'idée qu'ils puissent être traduits en justice, de manière à désigner les coupables autant que les victimes.

Le Livre noir - o kalo Lil en romani - est donc en train de s'écrire sous nos yeux, rassemblant infos et témoignages à explorer si l'on veut mesurer l'ampleur des discriminations en cours et comprendre l'entreprise de déshumanisation d'une minorité déjà harcelée par l'extension du racisme ordinaire en Europe.

Vos informations sont les bienvenues, aussi précises que possible, à nous faire parvenir à l'adresse suivante :
livrenoirdespersecutions@gmail.com

vendredi 23 août 2013

Allemagne: une affiche électorale raciste

En Allemagne, les Tsiganes n'acceptent pas l'affiche électorale raciste du NPD, parti de l'extrême-droite allemande. Une plainte a été déposée par l'Alliance Sinti d'Allemagne ( Sinti Allianz Deutschland). L'affiche portant les mots De l'argent pour mamie. Pas pour les Sinti et les Roms (Geld für die Oma statt für Sinti und Roma) avait été diffusée notamment à Berlin, Hambourg et dans la Saxe, a annoncé l'Alliance Sinti à Hildesheim.



Un manifestant tient lors d'un rassemblement à Berlin, l'un des controverses NPD affiches de campagne avec le slogan "L'argent pour la grand-place pour les Sinti et les Roms" à la main.




Lors d'un rassemblement à Berlin, un manifestant tient l'une des affiches controversées du NPD. On peu y lire le slogan "De l''argent pour Mamie. Pas pour les Sinti et les Roms".
Photo: AFP
En Allemagne, le parti néo-nazis NPD multiplie depuis toujours les appels à la haine raciste, que ce soit contre les immigrés, les réfugiés, les juifs… et plus récemment contre les Rroms et Sintis.
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En réponse, l'Alliance Sinti d’Allemagne a fait savoir, par la voix de son secrétaire Ricardo Laubinger, qu’elle portait plainte contre le NPD pour racisme à l’encontre des Rroms et Sintis. "Les Rroms et Sintis sont insultés par l’affiche du NPD, violemment calomniés et méprisés, et attaqués dans leur dignité humaine" a déclaré Ricardo Laubinger. 






Pour plus d'informations : Le site de l'Alliance Sinti d'Allemagne - Sinti Allianz DeutschlandLe site Nordbayern.de (en allemand)Le blog Communisme ouvrier

mercredi 21 août 2013

Slovaquie: A Kosice le mur de la ségrégation des Roms

 19 août 2013

SLOVAQUIE  Kosise

La Slovaquie lutte déjà depuis quatorze ans contre les murs et les clôtures. Le dernier a été ajouté à Kosice. Il s' agit du huitième mur de ce type érigé depuis 2009 dans cette région et le 14e dans le pays
 En 1974  la Convention des Nations Unis avaient contraint la Tchécoslovaquie  à éliminer toutes les formes de discrimination raciale. 
La Commission européenne demande la destruction "sans délai" du mur anti-Roms érigé  récemment à Kosice, une métropole de la Slovaquie orientale.

Bruxelles a estimé que «la construction de barrières physiques» était en rupture avec les valeurs de l'Union.

APhoto: SITA / Archives Thomas Rafa

«Les autorités de Kosice doivent abattre ce mur sans délai», insiste Androulla  Vassiliou.
Kosice, grand pôle de l’industrie lourde, a été récemment désignée comme une des «Capitales européennes de la culture 2013» par la Commission européenne.
La construction d’un mur anti-Roms qui entraîne «la ségrégation»d’une partie de la population est «en contradiction avec la raison d’être même du titre de Capitale européenne de la culture», s’insurge madame Vassiliou.


« Je me rappelle avec grand plaisir la visite que j’ai effectuée à Kosice en janvier dernier », écrit la commissaire chargée de l’Education et de la Culture, Androulla Vassiliou, dans une lettre  datée du 13 août, rédigée en anglais, adressée au maire de Kosice Richard Rasi et rendue publique sur le site de la Commission. « J’ai été impressionnée par l’ampleur et l’ambition du programme qui devait être le projet culturel le plus vaste de l’histoire de la Slovaquie ».
« C’est donc avec une certaine déception que j’ai pris connaissance dans les médias de la construction de murs visant à la ségrégation des Roms au sein même de la ville de Kosice, une ville qui porte le titre de Capitale européenne de la Culture 2013″, poursuit-elle.

Les Roms vivent dans le pays, souvent dans des maisons sans électricité ni eau courante et dans des villages loin de la capitale.
Les Communautés roms en Slovaquie,  République tchèque,  Hongrie et  Serbie se sont longtemps plaintes de discrimination. De nombreux Roms vivent dans une pauvreté désespérée et souffrent de maladies et de  l'analphabétisme de manière plus élevée que la moyenne nationale.
Le 20 août 2013

Dans une lettre, le maire de Kosice Richard Basi s' engage auprés de la commissaire européenne chargée de la Culture, Androulla Vassiliou pour la destruction du mur de Kosice.










Dans sa lettre le maire a déclaré que le mur érigé dans le district de Kosice-Zapad avait été mis en place cet été à l'initiative du maire du district, Rudolf Bauer "illégalement" sans les autorisations nécessaires, et sans en informer la ville de Kosice".Des actions juridiques appropriées contre la partie de la ville en question doivent suivre».

 Le 26 août 2013


Le maire de Kosice en Slovaquie a assuré que le mur en béton “anti-roms” allait être détruit.
La mairie de quartier a démenti le caractère ségrégationniste de ce mur, assurant qu’il sépare seulement un parking d’un terrain vague et qu’il était facile d’en faire le tour. Elle regrette cependant de ne pas avoir attendu un permis de construire en bonne et due forme pour ériger le mur.
Le 15 août 2013
L'Artiste et cinéaste Tomas Rafa et une équipe de bénévoles ont lentement repeind le drapeau Rom sur le mur de béton de 2, 5 mètres, situé à Kosice qui sépare le quartier Rom de la route.

Photo: SITA / Archives Thomas Rafa

Il veut ainsi attirer l' attention sur état critique actuel de la coexistence entre la population majoritaire et la minorité Rom, qui souligne la nécessité d'un dialogue.


Photo: SITA / Archives Thomas Rafa

L' activiste Tomáš Rafa a repeind deux murs l'été dernier à Secovce et Ostrovany, afin de contrer le nouveau nationalisme qui s' installe peu à peu contre les Roms.



Sur la paroi le mot "Prepacte" ("désolé" ) avait été peind par des passants

















13 juillet 2013


Des murs et des clôtures pour résoudre le problème 

des Roms, l'État est silencieux



La Slovaquie lutte déjà depuis quatorze ans contre les murs et les clôtures. Le dernier a été érigé à Kosice.
Peignez les murs dans Ostrovany.
Photo: ARCHIVE - THOMAS RAFA

BRATISLAVA. Kosice  fait parti  du complexe Ouest qui tente de résoudre radicalement le problème avec les Roms.
Entre les rues et Mikovíniho Petzvalova, le mur  empêchent  les gens de Lunik Lunik IX et VIII de se cotoyer.
 Le mur qui provoque la ségrégation est le huitième depuis 2009.

La construction ne s'est faite pratiquement sans aucun débat public, Hall a utilisé l'élément de surprise.

 Selon Miroslav Pollak, un ancien plénipotentiaire du gouvernement  pour les Roms, il faut d'abord enlever les murs de l'esprit des gens.
Ces barrières de béton et ces clotures ne se trouvent  pas seulement à l'Est, mais aussi dans Partizánskom, Vrútky, le Moravce d'or Séred ou dans Plavecky.
"Pas de ségrégation, nous avons seulement  fortifier la  "clôture "..a déclaré Lubomir Veselický, adjoint au maire de Sered...



Les murs ne sont pas assez nombreux selon l'Etat


L'Etat ne sait pas comment remédier au problème de la ségrégation dans le logement.." La loi sur le bâtiment ne définit pas la construction de ségrégation en termes juridiques"... a déclaré Martin Kona, porte-parole du ministère de la Construction. «Les municipalités ont une meilleure connaissance des conditions locales», explique Marta Bujňáková, porte-parole de l'Association des villes et communes de Slovaquie.
 «La loi ne permet pas de résoudre adéquatement le problème des clotures», explique Michal Zálešák du Centre européen des droits des Roms.

 Liens et vidéo pour plus d'information:

lundi 19 août 2013

Persécutions en Italie contre les Roms. La responsabilité des médias

La botte qui frappe les Roms 
Par Roberto Malini
Milan, le 17 Août 2013.


Dans toutes les régions italiennes, les autorités ont déclenché une véritable persécution de la communauté rom. Nous avons reçu des demandes d'aide de Lucca et de la Versilia où des hélicoptères ont étés utilisés pour engager des poursuites contre les campements roms, de la côte de la Romagna et d'autres stations balnéaires. Un déploiement sans précédent des forces de sécurité poursuit partout les familles roms, contrôle les documents, détecte les violations. Beaucoup de Roms, coupables de... mendier, reçoivent des feuilles d'expulsion par la force publique, qui ignorent les avertissements qui viennent de la Commission européenne demandant de "substituer à la répression des programmes d'intégration et suspendre les expulsions".



Photo de Steed Gamero, Roms à Pesaro
Dans les grandes villes, les conditions dans lesquelles les Roms sont contraints de vivre sous la pression des institutions sont insupportables. Des hommes en uniforme parcourent les zones où les familles roms sont installées pour les chasser, dénonçant les occupants pour "occupation illégale". Les mineurs sont soumis à des contrôles spéciaux et les intentions des autorités sont souvent de les soustraire aux familles, pour créer la panique dans toute la communauté rom.


Photo de Steed Gamero : Roms à Bologne
La calomnie raciste du "racket des mendiants", après Milan, s'est propagée à Rome : un prétexte pour renforcer les forces de police nécessaires pour poursuivre les Roms comme s'ils étaient une organisation criminelle.


"Des hordes d'enfants des camps sont dans le centre-ville pour voler. C'est une sorte de racket" comme l'explique un journal, ainsi que le fait souvent la propagande raciste et pas seulement en Italie "qui ramasse les petits voleurs et mendiants dans les camps (souvent Castel Romano et Candoni) pour les accompagner avec des bus et camionnettes aux stations de métro pour accomplir le vols".

«L'objectif, a écrit un autre journaliste, est de revenir au point de départ avec une charge de butin de portefeuilles, argent, montres et appareils photo, pour ne pas se sentir exclus du groupe... des histoires qui se répètent chaque jour. Scènes de la vie quotidienne : enfants qui mendient dans la rue, les filles consacrées à la tire : un phénomène croissant et complexe.»

La propagande provoque des actions liées à la sécurité, impliquant l'intervention de la police d'Etat, de la police municipale et même des gardes de sécurité. Hier, 35 Roms roumains et ex-Yougoslaves, dont 15 enfants, ont été identifiés et certains d'entre eux ont reçu une plainte pénale.  Une Romni a reçu une plainte pour avoir résisté à un agent public.

Roberto Malini, EveryOne Group

Photosde Steed Gamero, Roms à Rome