dimanche 1 décembre 2013

L'épopée des Roms de Lille est une histoire sans fin


C'est une longue épopée, une histoire sans fin où des familles jetées à la rue par nos institutions ont erré sous la pluie avant de trouver refuge dans une bourse du travail, accueillis par des syndicalistes et des étudiants, alimentés par un réseau de solidarité composé d'artisans et de payysans, jusqu'à cet inconnu solidaire venu leur apporter des fleurs.


Jeudi 12 septembre : Lise Daleux, Jérémie Crépel et Mathilde Steinauer (EELV) publient une Lettre ouverte à Martine Aubry et au préfet du Nord : Roms : Arrêtez le naufrage humanitaire !
La lettre porte sur l'évacuation programmée du campement de la rue de Carvin, à Lille, en dénonçant « l’évacuation policière d’un campement sans que des solutions de relogement soient proposées et ce, pour la très grande majorité des personnes concernées ».

Lundi 28 octobre : Le campement de Roms situé sur le parking de l'université Lille1 a été expulsé par la police, dès 6h30 du matin selon Ambroise Lesage, militant associatif et membre des Jeunes écologistes de Lille. Le campement comprenait plus de 30 caravanes et abritait 200 personnes.
Un couple de jeunes Roms, Lazar et Caroline, a témoigné sur Radio Campus des brutalités policières subies par leur communauté. Des membres du Collectif Solidaire Roms ont expliqué qu'ils ont été maintenus à l'écart de l'expulsion, de manière à empêcher les témoins de prendre des photos ou de filmer les événements.
L'opération de police faisait suite à une décision du Tribunal de grande instance de Lille, saisi par l'université Lille1. « Elle vise à rétablir la vocation universitaire de ce terrain, situé à proximité d'une bibliothèque et d'un terrain de sport", a précisé la préfecture. Les forces de l'ordre étaient venues nombreuses, selon Ambroise Lesage, qui a indiqué que la majorité des caravanes ont été emmenées en fourrière, le campement ne comptant qu'une dizaine de véhicules susceptibles de les tracter. Selon lui, une partie des enfants du campement était scolarisée.

Dépossédées de leurs caravanes, les familles se sont d'abord protégées de la pluie sous le métro aérien. Parmi elles, des nourrissons et de jeunes enfants, des femmes enceintes et des personnes malades ou âgées. Tous «étaient vraiment dehors sans aucune autre solution», errant sous la pluie jusqu'à la nuit alors que la tempête faisait rage, à la recherche d'un abri où faire dormir les enfants. «Les Roms ont été privés de tous leurs caravanes, effets personnels, vêtements, moyens de cuisson et du peu de nourriture qu’ils possédaient», a indiqué l’union syndicale Solidaires-Nord-Pas de Calais dans un communiqué. « J'ai ouvert la porte. Dans ces moments-là, vous ne réfléchissez pas longtemps », a déclaré Vladimir Nieddu, de Solidaires«Le syndicat Sud-Solidaire étudiant a proposé en dernier recours à la nuit tombée que les familles puissent être accueillies à la Bourse du travail pour la nuit» où les syndicats disposent de locaux, a déclaré à l’AFP Majdouline Sbaï, vice-présidente (EELV) du conseil régional Nord/Pas-de-Calais, présente sur place.«Il y a à peu près 90 personnes qui sont là. Il a fallu acheter des sacs de couchage, des tentes, trouver à boire et à manger», a poursuivi Majdouline Sbaï. Dénonçant «une situation inhumaine»Solidaires a dénombré «une centaine de personnes, dont 45 enfants» à la Bourse du travail.

Yanush et Avec Vladimir Nieddu, 
du syndicat "Solidaires" qui a ouvert la porte, 
le soir du 28 octobre, pour accueillir 
les 100 Roms expulsés et jetés à la rue.
[Photo Isabelle Dunglas]
Mardi 29 octobre : Au matin, le père Arthur, prêtre lillois qui vient en aide aux Roms, est passé par la Bourse du travail dans la matinée pour apporter un petit déjeuner. Des étudiants s'affairaient à distribuer des boissons chaudes mais aussi à compter les stocks d'eau, de couches ou de papier toilettes et, dans les couloirs, des femmes roms passaient le balai. « C'est incroyable ce qu'ils ont fait pour nous. Ils sont magnifiques », sourit Lazar Secret, l'un des jeunes roms hébergés cette nuit là, âgé de 23 ans.

L'après-midi, une quarantaine de Roms ont pénétré en début d'après-midi dans l’ancienne Bourse du travail de Lille pour y trouver refuge. Ils en sont sortis quelques heures plus tard dans le calme, à la demande de la police, qui avait barré la rue d'accès et stationné une dizaine de véhicules autour du bâtiment. De l'intérieur, les Roms s’étaient placés aux fenêtres pour crier «Solidarité» ou «Police partout, justice nulle part» avec les familles restées à l’extérieur. «Ma femme enceinte est avec ma fille d’un an et demi à l’intérieur. C’est notre seule solution, on n’a pas d’endroit où dormir. La préfecture a pris ma caravane», a affirmé Lazar Secret, âgé de 23 ans, qui se trouvait à l’extérieur. Ils ont retrouvé à l’extérieur du bâtiment les quelque dizaines d’autres membres du même groupe qui avaient été empêchés par les policiers d’entrer dans le bâtiment, propriété de la mairie et situé dans le quartier de Wazemmes, dans le sud de Lille. 

A 16h30, une délégation intersyndicale a été reçue à la préfecture de Lille. «Les Roms n’ont pas envie de partir car ils n’ont aucune solution», a déclaré Stéphanie Pryen, militante du collectif Solidarité-Roms, présente à l’intérieur du bâtiment. « On a pris le risque d'investir 1000 m2 en attendant que le préfet prenne ses responsabilités », a affirmé Olivier Treneul, du syndicat Solidaires« Il y a une famille qui est relogée, une femme qu'on veut bien soigner et pour tous les autres, c'est retour gratuit au pays », a dit Vincent Delbar, secrétaire général de la CGT du Nord, à l'issue de la réunion à la préfecture de Lille. « Le souci, c'est de pouvoir récupérer les caravanes à la fourrière pour pouvoir les reloger. Ce qui a frappé les bénévoles c'est que la police s'empare des caravanes et laisse les gens sur place », a commenté Jean-François Garsmeur, du collectif Solidarité Roms Lille Métropole.

Mercredi 30 octobre : La centaine de réfugiés Roms a manifesté devant l’hôtel de ville de Lille. Une délégation des organisations syndicales a été reçue par Pierre de Saintignon. Une discussion longue, qui n’a pas abouti dans l’immédiat. Retour à la case départ pour les Roms, qui vont encore passer la nuit à la Bourse du travail de Lille.

Lundi 4 novembre : Alors que 200 personnes roms ont été expulsées de leur campement et jetées à la rue une semaine plus tôt, alors que leurs caravanes confisquées et placées en fourrière, Martine Aubry, présidente de Lille Métropole a déclaré : « S'ils sont condamnés, ils doivent repartir dans leur pays ». 

Maria [Photo Isabelle Dunglas]
Mardi 5 novembre : Plusieurs syndicats d’étudiants (SGL, UNEL, UNEF et JC) ont appelé à manifester à 11h30, porte de Paris, pour dénoncer les expulsions des étudiants en situation irrégulière mais aussi rejoindre la mobilisation créée suite aux expulsions de campements de Roms sur la métropole lilloise.  Quatre cents personnes ont répondu à l'appel, solidaires avec les Roms réfugiés depuis une semaine à la Bourse du Travail de Fives après l'évacuation de leur camp à Villeneuve-d'Ascq. 

Leila Beaugeard, 19 ans, lycéenne à Montebello et responsable du syndicat lycéen UNL Nord, au sujet des familles roms qui sont présentes à ses côtés, dénonce le fait « qu’elles soient trimbalés d’un coin à l’autre sans le moindre respect pour leur condition humaine ». Plus loin dans le cortège, Vincent Delbar, secrétaire général CGT : « Une réunion déjà programmée et dont on se demande ce qu’il pourra en sortir. La situation est intenable à la Bourse du travail où nous accueillons 120 Roms dont 50 enfants ».

Mercredi 6 Novembre : Chers concitoyens européens,
Pour la première fois en France, nous, Rroms, voulons montrer à tous les citoyens européens que nous sommes capables de faire des choses qui n’ont jamais été accomplies jusqu’à maintenant, et ce parce que nos situations ne sont pas prises en considération, car nous les Rroms sommes considérés comme des chiens vagabonds et sans maîtres. C’est normal, puisque les problèmes auxquels nous devons faire face n’ont jamais été résolus, c’est pourquoi nous sommes discriminés comme étant des VOLEURS.

Premièrement, nous voudrions parler des problèmes familiaux : nous sommes un groupe de 120 personne expulsées lundi 28 octobre 2013 à 06h00 par la police nationale française en collaboration avec les CRS. Les caravanes (pour nous, nos maisons), ont été prises par la préfecture et déposées à la fourrière, avec pour motif que nous n’avons pas notre place ici. Nous sommes restés devant la station de métro ligne 1 à 4 Cantons jusqu’à 17h jusqu’à ce que les militants, bénévoles et associations présents sur place et discutant avec nous nous ont proposé un lieu provisoire pour dormir. Nous avons été d’accord étant donné la situation de crise et étant donné que nous n’avions aucune solution. Arrivés à 18h à Fives à la Bourse du Travail, les syndicats nous ont reçus avec chaleur et bienveillance, pour une nuit, ne sachant pas à ce moment-là qu’ils nous accueilleraient aussi longtemps.

Nos problèmes de santé sont les suivants :
  •  Une personne atteinte du cancer (en phase métastasique), la fille de cette dernière, née ici et malade vient d’être opérée à cœur ouvert.
  •  Une personne avec une insuffisance rénale ayant été opérée et n’ayant plus qu’un rein, et qui doit à ce jour faire des dialyses 3 fois par semaine.
  •  Un jeune garçon de 14 ans qui lui aussi n’a plus qu’un rein.
  •  Une personne avec des crises d’épilepsie.
  •  Une personne atteinte d’arthrite chronique en phase terminale.
  •  Une personne avec des problèmes psychiatriques.
Nos problèmes d’éducation sont les suivants :
  •  De nombreux enfants sont dans l’impossibilité d’être scolarisés
  •  Les dossiers de scolarité sont bloqués par la mairie de Villeneuve d’Ascq
Nos problèmes de Sécurité Sociale :
  •  Dossiers CAF non-résolus
  •  Les dossiers des personnes en incapacité non-résolus (la personne sous dialyses et celle avec des problèmes psychiatriques)
Helena [Photo Isabelle Dunglas]
Etant donné que nous sommes arrivés à vos portes. Avec tous nos problèmes, nous demandons que tous nos droits soient pris en considération claire et visible… Nous vous remercions !
Merci à ceux qui ont été, qui sont et qui seront près de nous, spécialement ceux de la CFDT, CGT, FSU, Union Syndicale Solidaires, le collectif Solidarité Roms, et tous les militants et volontaires.
Aujourd’hui, il nous est très difficile de nous intégrer, étant donné les barrières. Toutes les étapes de l’intégration nous sont refusées partout.
Nous voulons démontrer que nous sommes capables de travailler, d’éduquer nos enfants, d’être comme les autres, si vous enlevez les barrières qui sont devant nous depuis des années.
Pour tout cela, pour qu’on puisse vous prouver qu’on est capables, alors que depuis des années on est cachés, personne ne nous connaît, il faut que nos droits soient respectés.
De toutes façons, nous allons continuer les manifestations jusqu’à ce que ceux qui nous ont expulsés nous acceptent !!!

RROMS sans Liberté, égalité, fraternité !
Pour le collectif RROM : Ana Maria Sainea et Lazar Secret



Jeudi 7 novembre : Une petite cinquantaine de membres du collectif Roms actuellement hébergés à la bourse du travail a rejoint le cortège des salariés de La Redoute. Essentiellement des familles et des jeunes voire très jeunes. Ils se sont placés derrière le camion Solidaires et ont distribué des tracts et scandé des slogans pour la « solidarité ». Secrétaire régional du syndicat Solidaires, Vladimir Nieddu explique que cette « invitation » à se greffer à la manifestation a été décidée hier soir, mercredi, par l’intersyndicale Solidaires-CGT-FSU. « Si c’est avant tout la mobilisation des salariés de la Redoute, leur présence signifie que nous sommes au côté de tous les précaires. On ne fait pas le tri entre les précaires noirs, blancs ou gris. Il faut combattre toutes les misères et toutes les précarités. »
Lazar Secret : « Le ministre de l’intérieur Manuel Valls, est toujours préoccupé par les expulsions: expulsions, expulsions… Il n’est jamais question de solutions permettant l’intégration. » 




 Lazar Secret & Ana Maria Sainea
© Cécile Huyghe
Vendredi 8 novembre : Témoignage d'Ana Sainea, 29 ans, en France depuis 2009 : « Ils nous ont jetés dehors comme des chiens et non comme des personnes. Nos caravanes ont été mises à la fourrière avec nos affaires, qu’on n’a pas eu le temps de récupérer. Mes enfants sont scolarisés, je parle français. Depuis deux ans, on parle. 
Aujourd’hui, on a envie de se battre pour faire respecter nos droits.»
La jeune femme soutient qu’elle est venue en France pour y faire sa vie, fuyant la pauvreté et le racisme envers sa communauté en Roumanie. «Nous demandons un logement et le droit de travailler. C’est la vie qui nous oblige à voler, pour nos enfants.» Seul réconfort pour Ana: le fait que les siens puissent, ici, aller à l’école.



Samedi 9 novembre : Les 120 Roms, dont une cinquantaine d’enfants, continuent d'être hébergés en urgence par les syndicats dans une salle de la bourse du travail à Lille-Fives. Une situation que ces derniers souhaitaient temporaire, mais qui semble devoir s’éterniser au regard des événements observés encore ce soir, à Lille. Il semble que ni la municipalité lilloise, ni la préfecture ne veuillent des Roms villeneuvois à Lille ou dans la région.




Caroline Et Edessa Lazãr 
[Photo Isabelle Dunglas]
Mercredi 13 novembre : Un témoignage d'Isabelle Dunglas, professeur des écoles à Bruay-la-Buissière, syndiquée à Sud Education 59/62, membre de la Fédération « Solidaires Nord/Pas-de-Calais » et du Collectif Solidarité Roms Lille Sud, en direct de la Bourse du Travail :  « La ruche s'active jour après jour. Les abeilles sont reparties "butiner", ça fait partie de leurs stratégies de survie, et je ne vois pas au nom de quoi, nous les empêcherions. Elles font des réserves, pour les temps moins cléments et l'hiver qui se profile. Quelques femmes et les enfants restent sur place. Les repas, le nettoyage sont gérés par tous. Nous avons reçu un traducteur, ce qui a soulagé un peu notre trio d'interprètes habituels. Les solidarités s'expriment de mille manières : c'est cette jeune femme qui vient chercher chaque jour 3 sacs de linge, ce pâtissier qui nous a donné 100 desserts mardi matin, les boulangers qui nous donnent leur surplus, les assos caritatives qui continuent de nous approvisionner, la Confédération paysanne qui nous a donné plus de 300 kg de pommes de terre bio, l'asso Spartak qui a encadré les gosses dimanche (merci Romain D'joub D'joub), l'infirmière bénévole qui est aux petits soins avec les 100 (merci Elizabeth), les étudiants de Sud Étudiant Lille et de la Gégette qui continuent leur accueil et sont pourtant retournés en Fac, increvables, et les syndicalistes qui assument totalement la gestion du groupe, ou qui acceptent de venir travailler avec quelques "invités" dans les couloirs et les salles de réunion. Un grand merci à toutes les assos et tous les particuliers qui se mobilisent au quotidien. Et puis un merci tout particulier à ce Solidaire Anonyme qui nous a offert deux superbes bouquets de fleurs mardi matin. Quant aux Roms, leur dignité, leur résistance, leur sourire ne cessent de nous surprendre. Chapeau bas MesDames et MesSieurs. »

« Mais où sont passés les membres d’Europe Écologie Les Verts qui étaient en tête de cortège lorsque les familles Roms ont débarqué ?», s’interrogent deux centrales syndicales dans La Voix du Nord du 13 novembre 2013. « Nous ne sommes pas à l’origine du mouvement », répondent des élus EELV qui renvoient les syndicats à leurs propres responsabilités.

17 heures : le préfet Dominique Marie Joseph Bur reçoit un collectif d’associations (ATD Quart Monde, Fondation Abbé Pierre et MRAP), conformément à l’engagement qu’il avait pris le 5 novembre dernier à l’issue du comité d’échanges sur les populations de culture Rom. Selon, la préfecture : « Les associations ont souhaité aborder la situation des populations actuellement présentes à Lille et à Roubaix. Elles ont constaté la baisse de la population rom sur l’agglomération illoise, qu’elles estiment en baisse significative.» Le préfet a fait part de sa préoccupation face à la situation de la bourse du travail, tant du point de vue de la sécurité des occupants, des conditions insalubres de cette occupation et des difficultés que celle-ci entraîne sur le bon fonctionnement des syndicats de salariés... Des pistes de solution ont été examinées afin de mettre un terme aux situations les plus problématiques. « Le travail continue en mobilisant tous les moyens à la disposition de la collectivité», ont précisé les services de la préfecture.




Jeudi 14 novembre : Appel à la manifestation de samedi 16 novembre à Lille (14 h 30 Porte de Paris).« Nous les Rroms sommes considérés comme des chiens vagabonds sans maître, déclarent Ana Stoïan et Secret Lazar, deux Rroms hébergés à la Bourse du Travail depuis leur expulsion fin Octobre. « Nous voulons démontrer que nous sommes capables de travailler, éduquer nos enfants, d’être comme les autres si vous enlevez les barrières qui sont devant nous depuis des années", ajoutent-ils, avant de conclure leur communiqué (traduit du Romani): "Il faut que nos droits soient respectés [...] nous continuerons les manifestations jusqu’à être acceptés de ceux qui nous ont expulsés ! »


Vendredi 15 novembre : Depuis le démantèlement violent du camp de 4 Cantons à Villeneuve d’Ascq, le 28 octobre, deux enfants sont nés au sein des familles ainsi jetées à la rue : Carmen et Alex. Le premier accouchement a été prématuré, à sept mois de grossesse. Le préfet du Nord, Dominique Bur, qui a donné l'ordre de cette expulsion était informé de l'état de santé préoccupant de certaines personnes au sein du campement.

Caroline Lazar

 [Photo Philippe Lagatie ]
Samedi 16 novembre : Entre 250 et 300 personnes ont manifesté samedi à Lille pour l'égalité des droits, dont une soixantaine de Roms qui vivent depuis deux semaines à la Bourse du Travail après une évacuation forcée de leur campement. « Nous sommes tous noirs, arabes, roms et musulmans », pouvait-on lire sur une grande banderole du cortège, qui regroupait des membres de nombreux collectifs de la région.

L'appel à manifester a été signé notamment par Attac, le collectif Solidarité Roms de Lille, le comité des sans-papiers 59, la LDH, le MRAP et les syndicats Solidaires, CGT, Unef ainsi que EELV et le PCF« Expulsez les préjugés, pas les familles », plaidait une pancarte brandie dans le cortège.

La manifestation se faisait notamment en soutien aux 120 Roms qui ont été accueillis à la Bourse de Travail. « C'est un appel désespéré, car personne ne veut entendre ce cri », a regretté le père Arthur, figure locale de défense de la communauté rom, venu aussi au nom de Monseigneur Gaillot« Cette marche est pour plus d'égalité, pour la reconnaissance des droits des personnes, pour arrêter d'"ethniciser" les problèmes sociaux », a expliqué de son côté Stéphanie Pryen, du collectif Solidarité Roms de Lille métropole.

Appuyés par des militants syndicaux et politiques (Sud-Solidaires, Parti de Gauche, Jeunes Communistes), des représentants d’associations et de collectifs divers (notamment le Collectif Solidarité Roms et Gens du Voyage de Lille Métropole et le Comité des Sans-Papiers 59) et des membres de la société civile, ils ont scandé des slogans tels que "j’y suis, j’y reste, je ne partirai pas", réclamant davantage de "solidarité" ainsi que "l’égalité des droits" sous le regard apparemment bienveillant des passants.

Dans la matinée, le président national de la Ligue des Droits de l'Homme (LDH), Pierre Tartakowsky, s'était rendu à la Bourse du Travail pour voir de lui-même la situation des Roms.
« Ce n'est pas à la Bourse du Travail (où sont regroupés les syndicats, ndlr) d'assumer les responsabilités de l'Etat », a affirmé M. Tartakowsky. « La situation ici doit servir d'illustration de l'absence de volonté politique au plus haut niveau national de trouver des solutions et de créer des sacs de noeuds au niveau des collectivités locales », a-t-il estimé, mettant en cause directement le ministère de l'Intérieur.

Mercredi 20 novembre : Des habitants de Saint-André ont reçu un tract anonyme dans leur boîte aux lettres. Reproduisant un article de Nord Eclair du 16 novembre consacré aux Roms, ce tract est titré : «Contre l’installation des Roms à l’hôpital Ulysse-Trélat. Mobilisons-nous !» Les adresses électroniques du maire de Saint-André, Olivier Henno, et celle du cabinet du maire, y sont également imprimées, pour inciter les habitants à écrire à l’élu. Mais celui-ci, sans connaître les auteurs de ce tract, avait pris les devants : «J’ai écrit il y a deux jours au préfet et à la présidente de l’EPSM de l’agglomération lilloise à Saint-André, pour leur dire que c’était impossible, que je m’opposais vigoureusement à cette installation. »
Olivier Henno annonce même carrément dans son courrier à Marie-Christine Staniec-Wavrant, présidente du conseil de surveillance de l’EPSM de l’agglomération lilloise, qu’il a «demandé aux élus de Saint-André de ne pas participer à l’inauguration des cliniques de psychiatrie et d’addictologie ce vendredi 22 novembre.  » Il s’agit, explique-t-il «  d’un boycott préventif destiné à manifester ma totale, définitive et déterminée opposition à l’arrivée de Roms sur le site Ulysse-Trélat.»

Officiellement, aucune décision n’a pourtant encore été prise en ce sens, mais Olivier Henno préfère anticiper, réagissant notamment aux rumeurs qui ont suivi la proposition de Vladimir Nieddu, syndicaliste de l’EPSM, à qui il adresse ce message ferme : « C’est trop facile d’être généreux sur le dos des autres ! Mais je préjuge que le préfet prend ses décisions autrement que sous l’influence de tel ou tel syndicaliste… Pour moi, d’ailleurs, ce n’est pas le rôle des syndicats. Un syndicat, ça s’occupe des salariés.»
De son côté, Vladimir Nieddu, du syndicat Solidaires, nous confirmait hier que l’hôpital Ulysse-Trélat était une solution tout à fait possible pour l’accueil des Roms hébergés à la bourse du travail depuis le 28 octobre. Comme l’intersyndicale CGT, FSU, Solidaires ainsi que le collectif Solidarité Roms de Lille Métropole l’ont annoncé dans un communiqué dès le 5 novembre. «  C’est un bâtiment avec des lits et des douches. Les enfants pourraient jouer dans la verdure. Ce n’est pas un endroit sinistre.  » Vladimir Nieddu s’attend à en savoir plus d’ici la fin de la semaine, après une rencontre avec la direction générale de la cohésion sociale.


Jeudi 21 novembre : Pour la section Sud de l’EPSM de l’agglomération lilloise, « en s’opposant à l’installation des Roms à Ulysse-Trélat, le maire Olivier Henno justifie la concurrence entre pauvres français et pauvres d’Europe de l’est. » Dans son communiqué, le syndicat estime qu’Olivier Henno «prolonge les discours des maires de Croix et de Wattrelos justifiant la violence à l’encontre des Roms ou déniant leur citoyenneté. Il contribue à désigner des boucs émissaires comme responsables de nos maux comme des menaces sur notre avenir. Il nourrit ainsi le climat nauséabond qui s’installe dans notre pays et aboutit notamment aux attaques racistes subies par la Garde des Sceaux Christiane Taubira. »

Le syndicat Sud pointe par ailleurs « un double discours à visée strictement électorale. Alors que le MoDem a voté l’élargissement de l’Union Européenne aux pays de l’est sans donner les moyens économiques et sociaux de cette intégration aux populations concernées, il s’insurge aujourd’hui contre les conséquences de ce vote : la concurrence entre les pauvres français et les pauvres d’Europe de l’est.»

L'Union Départementale de la CGT Nord, FSU 59/62 et Solidaires 59/62 rencontrent à 16h30 Annick Porte, directrice de la Cohésion Sociale pour la ville de Lille pour tenter de résoudre la situation à la Bourse du travail. « La bourse du travail de Lille n’est pas faite pour accueillir les sans-abris, car démunie de moyens sanitaires, douche, couchage », expliquent les syndicalistes. « Nous l’avons dit et répété chaque jour depuis le 28 octobre : chaque jour qui passe est un jour de trop pour les populations roms comme pour les organisations syndicales.»
Lettre à la directrice de la cohésion sociale, signée par Vincent Delbar (UD CGT Nord), Didier Costenoble (FSU 59/62) et Vladimir NIEDDU (Solidaires 59/62)


Jeudi 28 novembre : Le collectif RROMS de la bourse du travail de Lille a pris la décision de participer à la manifestation à Lille du 30 novembre 2013 pour dénoncer les discriminations dont les Rroms font l’objet et revendiquer le droit pour tous à vivre dignement, à l’éducation, à la santé, au travail et d’obtenir de la collectivité des moyens convenables d’existence. « Nous sommes, nous aussi attachés à une société démocratique dans laquelle sont défendues pour tous les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité. C’est pour cela que nous appelons tous les Rroms, toutes les populations discriminées et tous ceux qui sont attachés à ces valeurs à  venir manifester le 30 Novembre 2013 à  Lille. »
Collectif Rroms de la Bourse du travail
 [Photo Philippe Lagatie ]

Samedi 30 novembre : Le Collectif des Rroms de la Bourse du travail a pris part à la Marche contre le racisme, aux côtés du syndicat Solidaires et du Front uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP), de la Ligue des Droits de l'Homme, de la CGT ou des Jeunes Communistes. Plus d'un millier de personnes participait à cette marche qui s'est ensuite divisée en deux cortèges, l'un vers Roubaix pour commémorer la "Marche des Beurs" de 1983, l'autre vers Wazemmes.

Mardi 10 décembre : Scènes de la vie quotidienne à la bourse du travail : Sur une table, dans un couloir, une grosse marmite de chocolat chaud fume et répand son odeur. Hommes, femmes et enfants y remplissent des gobelets de cacao. À côté, des fillettes empilent des affaires dans un chariot de supermarché. « Où est l’accordéon ? », s’inquiète l’une d’elles. Du linge sèche comme il peut sur des rampes d’escaliers.
Une femme aux joues rougies par le froid pose sur le sol un carton rempli de vêtements d’enfants. « J’ai aussi des vestes polaires, et des jouets », dit Céline, employée dans un centre d’hébergement de la métropole. « On a besoin de jupes longues, répond Danièle, militante du syndicat Sud Santé-Sociaux en fouillant la pile de fringues. Les femmes refusent de mettre des pantalons. On manque de couches, aussi. »
Un jeune barbu de Sud-Étudiants, Camille, enrage : « Là, on est en train de faire le boulot du préfet. Alors ce serait bien qu’en échange, il vienne tenir nos permanences syndicales. » Un matin comme un autre à la bourse du travail de Fives, 45 jours après l’installation d’une centaine de Roms. « Chaque jour qui passe est un jour de trop », lâche Camille, une autre militante Sud-Étudiants.
« Est-ce que mon petit garçon va naître à la bourse du travail ? », s’interroge Secret.

« Les policiers qui nous ont expulsé n’ont pas pensé que c’était l’hiver », pense Ana Maria, 30 ans. Depuis 2009, elle a connu quatre camps différents, au gré des interventions policières. Une perpétuelle errance qui ne l’a pas empêché d’amener, chaque matin, ses enfants Ricardo et Cassandra, 8 et 6 ans, à l’école du Sacré-Cœur de Fives. Tout comme Ana Maria n’a jamais abandonné les cours de français au centre social Roger-Salengro.

Jeudi 12 décembre : Visite officielle de la ministre du logement, Mme Cécile Duflot, venue pour participer à l’inauguration de la maison de l’habitat durable, organisée par la maire de Lille, Mme Martine Aubry.

Pour que le collectif des familles rroms puisse exposer ses revendications, l’union syndicale Solidaires 59/62 a sollicité une audience avec madame la ministre. La rencontre en préfecture avait été confirmée.
Le collectif a manifesté non loin du lieu de l’inauguration afin de rappeler à la ministre ce rendez-vous prévu après l’inauguration.
La ministre du logement s’est dédite. A peine l’inauguration terminée, elle s’est engouffrée dans la voiture du préfet, en faisant dire par un policier à Solidaires 59/62 qu’un de ses conseillers recevrait le collectif.

Communiqué de Solidaires 59/62 du 12 décembre : Madame DUFLOT est responsable, au même titre que d’autres gouvernants de l’inhumanité d’état qui s’installe dans le pays. 


Mardi 17 décembre : Réunion du Collectif Solidarité Roms et Gens du voyage de Lille Métropole : Comment le Collectif peut-il soutenir les syndicalistes dans leur accueil solidaire et leur résistance ?

Jeudi 19 décembre : Communiqué de Solidaires 59/62 : C’est d’une véritable perversité d’Etat dont sont victimes les Rroms de la Bourse du travail. L’odieux chantage préfectoral n’était qu’une variante du « diviser pour mieux régner » : je donne des places à une moitié si l’autre moitié s’en va. C’était une équation impossible et le préfet le savait.

Vendredi 20 décembre : La préfecture du Nord annonce qu'elle retire son offre d'hébergement à une partie des familles roms accueillies depuis fin octobre à la Bourse du travail de Lille, une décision qui ne surprend pas les syndicats.

Communiqué de Solidaires 5: Les Rroms de la Bourse saisissent le tribunal administratif de Lille pour contraindre le préfet à respecter les libertés fondamentales !
Maître  Eve  Thiéffry, avocate  au  barreau  de  Lille, a été mandatée par les Rroms  avec notre total soutien, pour faire imposer par les voies légales à notre disposition une solution digne et humaine pour la totalité des Rroms actuellement accueillis à la Bourse du travail de Lille.
C’est  la  réponse  du  Collectif des  Rroms soutenu  par  les  organisations  syndicales  à  l’odieux chantage  du  Préfet  du  Nord  qui  accumule  les  fautes  et  les  violations  du  droit  français  et international..


Familles hébergées à la bourse du travail
© Sébastien Gurak
Lundi 23 décembre : Deux familles hébergées à la bourse du travail de Lille attaquent le préfet du Nord, Dominique Marie Joseph Bur, devant le tribunal administratif et selon la procédure du référé liberté fondamentale. Cette procédure a été employée dans la défense des sans papiers. Créé en 2000 par une nouvelle loi, cette procédure permet de saisir le tribunal administratif en 48 h si la décision (ou une non-décision) d'une administration porte atteinte à une liberté fondamentale. Le Conseil d’Etat cite comme exemples  de liberté fondamentale « la liberté de réunion, la liberté d’aller et de venir, la liberté d’expression, le droit de propriété… » La stratégie de Me Eve Thieffry, avocate de 12 familles roms, s’appuie sur les points de suspensions. En France en effet, ces droits ne sont pas listés officiellement, et on laisse la jurisprudence en dresser peu à peu la liste. Tout repose donc sur le juge des référés, qui statue seul.

« L’expulsion du 28 octobre s’est déroulée un jour d’alerte orange pour cause de tempête », a rappelé Me Eve Thieffry, avant de rappeler que la Cour européenne avait statué que toute personne sans abri décent  était vulnérable. L’avocate insiste sur la « cruauté » du préfet qui demande à certaines familles de renoncer à leurs droits fondamentaux pour que d’autres puissent en profiter.  Cruel, le préfet n’épargne pas les caravanes. «  Les vitres sont cassées, les planchers défoncés, des essieux sont brisées.» Donc les caravanes, qui sont toujours en fourrière, ne peuvent pas être considérés comme des abris décents.

« Le préfet s'est soustrait à l'application de la loi, il aurait du trouver une solution de relogement », a déclaré Vladimir Nieddu, du syndicat Solidaires, avant l'audience.


Mardi 24 décembre : A leur tour, dix familles attaquent le préfet du Nord au tribunal administratif, toujours défendus par Me Eve Thieffry.
« Le droit à l'hébergement d'urgence est une liberté fondamentale », a plaidé l'avocate des familles.


Jeudi 26 décembre 2013 : La justice a ordonné au préfet du Nord de trouver un hébergement d'urgence pour dix-sept familles roms actuellement hébergée à la bourse du travail.
Saisi par vingt et une familles, le tribunal administratif de Lille a accepté la demande de dix-sept d'entre elles et a fait « injonction » au préfet de leur indiquer un lieu d'hébergement susceptible de les accueillir dans un délai de sept jours. Les quatre autres « référés liberté hébergement » ont été rejetés au motif qu'ils ne correspondaient pas aux critères pour prétendre à un hébergement d'urgence. Selon l'avocate des familles, Me Eve Thieffry, il s'agirait de personnes seules et en bonne santé.


Mardi 31 décembre 2013 : Contrainte par le tribunal administratif, la préfecture du Nord a soumis des propositions d’hébergement à vingt familles réfugiées à la bourse du travail. Les intéressés doivent faire connaître leur réponse au plus tard le matin du jeudi 2 janvier.


Jeudi 2 janvier 2014 : Toutes les familles roms accueillies à la Bourse du travail de Lille qui se sont vu proposer des solutions d'hébergement par la préfecture, à la suite d'une décision de justice, les ont acceptées, a-t-on appris de source syndicale.
Dix-huit familles ont accepté formellement mercredi les propositions d'hébergement d'urgence du préfet du Nord, et deux jeunes femmes célibataires avec enfant, convoquées jeudi, par le conseil général, à l'Unité territoriale de prévention et d'action sociale de Lille-Fives, ont fait de même, selon l'Union syndicale Solidaires.

Au total, cela concerne 104 personnes. Les dix-huit familles seront hébergées "quasiment toutes dans des hôtels" du Nord et du Pas-de-Calais, en dehors de la métropole lilloise, a expliqué à l'AFP Olivier Pira, de Solidaires. Les syndicats se trouvent désormais face à de "gros problèmes de transport" pour acheminer ces familles jusqu'à leur lieu d'accueil, a expliqué Olivier Pira, déplorant que l'Etat ne prenne pas en charge le voyage.


Lundi 6 janvier : Suite à la décision du tribunal administratif, les familles ont commencé à quitter la bourse du travailpour des hébergements d’urgence dans le Pas-de-Calais et le Nord. Mais l’accompagnement social annoncé semble très inégal.


Mardi 7 janvier : Onze Roms sont arrivés à Louvroil. L’AFEJI (association qui lutte contre toutes les formes d’exclusion) « a eu pour mission de s’en occuper », relate Hervé Chrétien. De leur trouver une solution d’hébergement, en somme. « Ils sont arrivés par le 115. On s’en occupe comme n’importe quel migrant qui se présente, s’emporte Jean-Marie Rausenberger, président de la Cimade Nord – Pas-de-Calais. Pourquoi en faire un cas particulier ? Pourquoi faire une différence entre Roms et migrants ? Ce sont des gens perdus, qui n’ont rien et qui sont contents qu’on aille vers eux, voilà tout.»

Contactée ce jeudi après-midi, Annick Mattighello, la maire de Louvroil, a déploré l’absence de communication de la préfecture à son endroit. « Humainement, c’est normal de leur trouver un logement, qu’ils ne soient pas à la rue avec leurs enfants. L’hébergement étant privé, je n’ai pas mon mot à dire. Ils ont un toit sur la tête, tant mieux. Mais je trouve indélicat de ne pas avoir été prévenue, au moins par le préfet. »

Mercredi 8 janvier : Du vendredi 3 au mardi 7 janvier, les familles accueillies se sont progressivement rendues dans les lieux d’hébergement proposés par la préfecture. Malgré l’esprit du droit, il s’agit principalement de chambres d’hôtel. Et la préfecture n’a apporté aucune aide logistique pour les déménagements et transports, qui ont dû se faire dans la précipitation.

Plus personne ne dort à la Bourse, et les membres du collectif solidarité accompagnent les familles dans leurs installations, en lien avec les associations qui vont désormais suivre leur parcours.

Vasilica et Soneta

L'une des OQTF délivrées aux familles
relogées © Lazar secret
Mardi 14 janvier : Réunion du Collectif Solidarité Roms et Gens du voyage de Lille Métropole, en présence d'Annick Batallan, Georges Voix, Fernand et Danièle Deperne, Bertrand Verfaillie, Pierre Tourbier, Stéphanie Bocquet, Xavier Hardy, Danièle Sciacaluga et Jean-François Garsmeur. Selon le collectif,  « les autorités poursuivent les familles de leur zèle : un certain nombre de personnes ont reçu des OQTF ».

Jeudi 16 janvier : Communiqué EELV :  « Europe Écologie Les Verts de Lille a dénoncé, dénonce et dénoncera tant qu’il le faudra cette politique absurde et destructrice envers les Roms et continuera à accompagner ces familles en direct sur le terrain ou via les nombreux soutiens qui œuvrent en Nord Pas-de-Calais et avec lesquels le contact est permanent.
Nous demandons au Préfet de cesser de poursuivre les familles sur leur lieu d’hébergement, de donner les moyens aux travailleurs sociaux et aux associations pour que ces familles intègrent le droit commun. »

L'épopée des Roms de Lille est aussi racontée à travers le blog du Collectif Solidarité Roms, dans un récit publié sur le blog Forum Métropole, ainsi que dans la presse locale et nationale :

    1 commentaire:

    1. Déclaration du collectif RROM actuellement hébergé à la bourse du travail, exproprié et expulsé du parking P4 de Villeneuve d’Ascq le 28 octobre
      mardi 5 novembre 2013
      Chers concitoyens européens,

      Pour la première fois en France, nous, Rroms, voulons montrer à tous les citoyens européens que nous sommes capables de faire des choses qui n’ont jamais été accomplies jusqu’à maintenant, et ce parce que nos situations ne sont pas prises en considération, car nous les Rroms sommes considérés comme des chiens vagabonds et sans maîtres. C’est normal, puisque les problèmes auxquels nous devons faire face n’ont jamais été résolus, c’est pourquoi nous sommes discriminés comme étant des VOLEURS.

      Premièrement, nous voudrions parler des problèmes familiaux : nous sommes un groupe de 120 personne expulsées lundi 28 octobre 2013 à 06h00 par la police nationale française en collaboration avec les CRS. Les caravanes (pour nous, nos maisons), ont été prises par la préfecture et déposées à la fourrière, avec pour motif que nous n’avons pas notre place ici. Nous sommes restés devant la station de métro ligne 1 à 4 Cantons jusqu’à 17h jusqu’à ce que les militants, bénévoles et associations présents sur place et discutant avec nous nous ont proposé un lieu provisoire pour dormir. Nous avons été d’accord étant donné la situation de crise et étant donné que nous n’avions aucune solution. Arrivés à 18h à Fives à la Bourse du Travail, les syndicats nous ont reçus avec chaleur et bienveillance, pour une nuit, ne sachant pas à ce moment-là qu’ils nous accueilleraient aussi longtemps.

      Nos problèmes de santé sont les suivants :
      - Une personne atteinte du cancer (en phase métastasique), la fille de cette dernière, née ici et malade vient d’être opérée à cœur ouvert.
      - Une personne avec une insuffisance rénale ayant été opérée et n’ayant plus qu’un rein, et qui doit à ce jour faire des dialyses 3 fois par semaine.
      - Un jeune garçon de 14 ans qui lui aussi n’a plus qu’un rein.
      - Une personne avec des crises d’épilepsie.
      - Une personne atteinte d’arthrite chronique en phase terminale.
      - Une personne avec des problèmes psychiatriques.

      Nos problèmes d’éducation sont les suivants :
      - De nombreux enfants sont dans l’impossibilité d’être scolarisés
      - Les dossiers de scolarité sont bloqués par la mairie de Villeneuve d’Ascq

      Nos problèmes de Sécurité Sociale :
      - Dossiers CAF non-résolus
      - Les dossiers des personnes en incapacité non-résolus (la personne sous dialyses et celle avec des problèmes psychiatriques)

      Etant donné que nous sommes arrivés à vos portes. Avec tous nos problèmes, nous demandons que tous nos droits soient pris en considération claire et visible… Nous vous remercions !

      Merci à ceux qui ont été, qui sont et qui seront près de nous, spécialement ceux de la CFDT, CGT, FSU, Union Syndicale Solidaires, le collectif Solidarité Roms, et tous les militants et volontaires.

      Aujourd’hui, il nous est très difficile de nous intégrer, étant donné les barrières. Toutes les étapes de l’intégration nous sont refusées partout.

      Nous voulons démontrer que nous sommes capables de travailler, d’éduquer nos enfants, d’être comme les autres, si vous enlevez les barrières qui sont devant nous depuis des années.

      Pour tout cela, pour qu’on puisse vous prouver qu’on est capables, alors que depuis des années on est cachés, personne ne nous connaît, il faut que nos droits soient respectés.
      De toutes façons, nous allons continuer les manifestations jusqu’à ce que ceux qui nous ont expulsés nous acceptent !!!
      RROMS sans Liberté, égalité, fraternité !
      Pour le collectif RROM : ANA MARIA SAINEA et LAZAR SECRET

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